Sifaw: au-delà d’un prénom
Sifaw: au-delà d’un prénom
Le lot des interdictions des prénoms amazighs fait toujours des malheureux malgré la levée de boucliers que ces dénis de droit ne cessent de provoquer au sein de l’opinion publique.
Flash back: en 1998, le prénom «Idir» a été interdit d’inscription sur le registre de l’état civil à maintes reprises à Casablanca, celui de «Siman» dans la région d’Agadir et «Noumidia» à Ouarzazate.
«Sinimane» l’a été en 1999 à Rabat, «Dihija» à Goulmina et «Fazaz» à Khénifra en 2002.
En 2006, Omar Derouich, un homme dont l’engagement ne faisait pas mystère, s’est vu refuser l’inscription du prénom «Amazigh» qu’il avait choisi pour son fils et c’est le même sort qu’a subi le prénom «Sifaw» qu’un résident de la localité de Béni Tjit, près de Figuig, voulait donner à son bébé.
Même les consulats du Royaume à l’étranger se sont mis au diapason de cette nouvelle forme de répression qui cache si mal son jeu qu’elle ne peut en être que plus blâmable.
A preuve, le 6 mars 2007, le service de l’état civil du consulat du Maroc à Lille a refusé d’inscrire le prénom de «Numidia Tin-Ass» que Lhoussain Azergui a voulu donner à sa fille préalablement enregistrée au service d’état-civil de la mairie de Roubaix, en France.
Le 13 septembre dernier, les autorités locales de Hamrya, à Meknès, emboitèrent le pas à celles de Figuig en empêchant Driss Boujaoui de prénommer son nouveau-né «Sifaw» au prétexte que l’usage de nom a été interdit par une lettre du ministre de l’Intérieur datée du 24 juin 2005.
Il s’agit là d’une attitude absurde et d’un abus de pouvoir qui témoigne de la persistance d’une mentalité et d’une manière d’agir qui sont à la fois surannées et rétrogrades.
Par AHMED SAAIDI
/ Sce: Libération 22/10/2008