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Tafraout, au coeur de l'Anti-atlas
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2 juin 2008

Interview • Fatima Tihihit, Raïssa de la chanson amazighe

Ma présence au Festival Mawazine m'a permis de rencontrer mon public 

20080528_p_Fatima_Tihihit

Fatima Tihihit 

Depuis 1983, l'artiste amazighe s'est frayée un chemin dans le monde de la musique. Aujourd'hui, elle compte parmi les grosses pointures de la chanson berbère.

LE MATIN : Que pouvez-vous nous dire sur votre participation au Festival Mawazine qui est une manifestation internationale ?

FATIMA TIHIHIT :
C'est une opportunité pour rencontrer mon public et lui transmettre mon respect et ma gratitude. Cela permet à l'artiste de dire qu'il est encore là, parce que quand on ne l'invite pas sur les plateaux de télévision ou dans des festivals, il perd sa notoriété et tombe dans l'oubli. Donc, la présence de l'artiste sur scène est très importante pour lui et pour ses fans. Ainsi, les organisateurs de ces événements, où plusieurs artistes internationaux sont présents, doivent aussi penser à l'artiste marocain et le traiter de la même manière sans aucune discrimination. Beaucoup de manifestations au Maroc relèguent au second rang l'artiste marocain. Ce qui lui procure un sentiment d'infériorité.

Est-ce que ce sentiment existe aussi à l'extérieur du Maroc ?

Pas du tout. Quand on se produit dans des festivals étrangers, on est traité au même pied d'égalité que les autres artistes. On a les mêmes droits qu'eux et le même traitement au niveau de la résidence, du transport et du cachet. Malheureusement, au Maroc de rares manifestations respectent ces données. Alors que le public marocain aime voir ses artistes aux côtés d'autres internationaux.

Cette problématique a-t-elle une répercussion sur sa production ?

En effet, n'importe quel artiste, que ce soit dans le domaine théâtral, musical, plastique ou autre, ne peut donner que s'il est encouragé et bien entouré. Dans ce cas, il produit davantage et n'a pas ce complexe d'infériorité. Il ne faut pas attendre qu'il soit malade ou dans le besoin pour avoir un sentiment de compassion envers lui, mais lui donner son droit quand il est encore fort et peut monter sur scène.

Comment voyez-vous le marché du CD chez nous ?

L'artiste a de plus en plus peur de produire, parce qu'il y a toujours ce fléau de la piraterie qui le guette et l'attend au tournant. Donc, cela devient difficile pour l'artiste marocain d'être sur le marché. Pour moi, par exemple, cela fait plus de cinq ans que je n'ai rien sorti pour les mêmes causes. J'ai beaucoup de nouvelles chansons, mais comme tous les artistes, j'ai peur de la piraterie. Mais, pour satisfaire mon public qui demande à chaque fois du nouveau, j'ai décidé de produire un nouveau CD pour bientôt.

Pour votre cas, quels sont les problèmes financiers que vous rencontrez ?

Par exemple, en ce qui me concerne, j'ai une troupe de onze personnes.
Je dois toujours penser aux frais de leurs déplacements, de leur résidence, de leurs tenues de spectacle que je dois renouveler à chaque fois, en plus de leur cachet qui est insuffisant, mais l'essentiel pour moi, c'est d'honorer mon public et le satisfaire.
Ce dernier est mon trésor et le respect qu'il a pour moi me procure un grand plaisir.

D'après vous, de quelle manière doit-on rendre hommage à un artiste ?

En linvitant dans des manifestations de ce genre. Il ne faut pas attendre que l'artiste soit alité pour l'aider financièrement. D'abord, c'est très dégradant pour lui, même vis-à-vis de son public. Le bonheur de l'artiste est de monter sur scène et de communiquer avec son public à travers son art. Nous avons plusieurs manifestations artistiques tout au long de l'année où nos artistes, de différents styles, peuvent se produire continuellement. L'erreur que les organisateurs commettent, en général, est de privilégier certains artistes ou styles aux dépens d'autres. On ne prive jamais un artiste de son droit, parce que chaque artiste a son public. Nous devons passer dans tous les festivals marocains et être traités de la même manière.

Que peut-on dire de la place de la chanson amazighe et de son état ?

La chanson amazighe est en bonne santé. Elle est diffusée aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. Même les jeunes s'y intéressent. Il y a beaucoup d'artistes qui travaillent dans ce domaine, mais il faut les encourager et leur ouvrir les portes de la réussite. C'est un patrimoine qu'on doit préserver et inculquer aux générations futures.

Pensez-vous que la jeune génération peut prendre le relais de la chanson amazighe, tout en conservant sa valeur historique et patrimoniale ?

Je l'espère de tout mon cœur, parce qu'on assiste actuellement à beaucoup de dérapages au niveau du marché de la chanson amazighe, comme par exemple
des chanteurs qui vendent leur voix à des sociétés de production pour la mixer à de beaux visages (en faisant un play-back). Alors qu'avant, c'était l'art uniquement qui comptait, pas autre chose. Ces pratiques peuvent toucher la chanson amazighe et la mener à la dégradation

Une belle carrière

Ayant démarré sa carrière artistique en 1983 en passant par les grands maîtres de la chanson amazighe, dont en premier lieu feu Demssiri, Fatima Tihihit forme, ensuite, sa propre troupe et travaille avec de célèbres noms, notamment Omar Ouahrouch, Hassan Lotfi et Ait Bounsir
qui lui ont appris les principes et les valeurs que doit avoir un artiste.
C'est ce qu'elle appelle la grande école de la chanson amazighe. Très modeste et spontanée dans son comportement, Tihihit a fait du chemin avec comme premier souci celui de présenter la chanson amazighe dans ses meilleurs aspects. Elle a essayé de conserver le patrimoine amazigh tout en le modernisant avec des chorégraphies bien étudiées.

Par Ouaffa Bennani/ Le Matin 27.05.2008

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