Tafraout : Devant le sac effréné du granit rose
L’intrigant silence des autorités locales !
Affligeant ! Le sac du granit rouge ne cesse de gagner du terrain. Les carrières illégales d’extraction de ce matériau de fabrication de parpaings en bâtiment poussent comme des champignons dans les parages de la ville de Tafraout. A Tazermlalt, Tazka, Afllaouday, Awssift, Doutalzought, Aglagal, Tifraden, Anmer, Awmourkt, Amagour, la mafia des briquetiers mène une véritable rapine sans trêve.
Et la liste est loin d’être exhaustive. De nombreux sites sont encore en sursis de pillage. Mieux ! Les contrevenants opèrent au vu et au su de toutes les autorités de la région. Même le chargement et le transport de ces richesses naturelles pillées sont perpétrés en plein jour. Et le franchissement des contrôles se fait sans coup férir. Les responsables compétents continuent de faire semblant de ne rien savoir, préférant opposer le silence à ces pratiques! L’exploitation de ces carrières se fait illégalement par des individus opérant le plus souvent directement pour le compte des propriétaires de ces briqueteries. Après le repérage de masses granitiques facilement friables, ces blocs sont ensuite concassés manuellement à l’aide de massues. Le produit granulé ainsi obtenu est utilisé comme ingrédient pour consolider la structure des parpaings, en mélange avec le sable tamisé et du ciment.
Outre cet avantage, la matière en question connaît un tel engouement en raison de son bas coût, en comparaison avec celui du gravier, normalement usité pour les mêmes besoins. Le produit en l’occurrence est écoulé -librement - sur le marché local pour 200 dh la benne. Et un peu plus d’une dizaine de fabrications de parpaings sises dans les différents coins de la ville sont aujourd’hui alimentées par ces carrières clandestines. Pis, l’ampleur de ce pillage s’accentue. Eu égard à l’extension urbanistique effrénée que ne cesse de connaître la ville. Au bas mot, pas moins d’une vingtaine de bennes de cette matière sont extraites par semaine dans ces carrières improvisées.
La législation relative à l’exploitation des carrières se trouve ainsi sous le coup d’une transgression flagrante. De plus, ces pratiques constituent un véritable acte de vandalisme à l’encontre de plusieurs sites à vocation touristique. Et pour cause! Ces paysages constituent le plus important atout touristique de la ville. Ils drainent de ce fait des milliers de visiteurs é trangers et nationaux vers la région. Mais hélas! aujourd’hui, ces sites offrent un spectacle de désolation révoltant! Apocalyptique!
Il faut dire que ce commerce juteux rapporte gros dans l’escarcelle de la mafia des briquetiers pour être soucieuse de ces considérations.
Leur lobby a acquis suffisamment de puissance pour bénéficier du laxisme des responsables. Cet état de fait ne laisse pas indifférents les opérateurs touristiques de la ville.
«C’est indigne ! Ecoeurant ! Nous condamnons vigoureusement ces actes dictés par la cupidité des aigrefins», dénonce un membre de l’Association locale de la tête de lion pour la Promotion du Tourisme qui condamne également le silence des autorités compétentes sur cette activité illicite et préjudiciable au tourisme dans la région.
Par: IDRISS OUCHAGOUR Sce: libération 30.04.2008